Quelle posture adopter pour tirer parti d’une conférence
Depuis 1 an, j’ai une approche très différente des conférences auxquelles j’assiste. J’en ai pris conscience en juin à l’USI, et […]
Depuis 1 an, j’ai une approche très différente des conférences auxquelles j’assiste. J’en ai pris conscience en juin à l’USI, et eu la confirmation à Agile Lean Europe où j’étais la semaine dernière (un chouette été, donc).
Avant, lorsque j’assistais à une session, j’étais critique. Je jugeais la prestation du speaker, indigné si ce n’était pas assez mis en scène, animé, ou clair, tout simplement. Ayant découvert l’univers des conférences surtout en tant que speaker ou organisateur (le snob, quoi), je jugeais les prestations d’un oeil d’expert jaloux. Et j’étais plutôt déçu.
Le phénomène s’est accentué terriblement lors de mes trois dernières années à Octo, où j’ai participé aux répétitions et à la constitution du programme de l’USI. A force d’aider des jeunes speakers à répéter et mettre au point leur session, les voir se mettre en quatre et produire finalement un résultat pointu sur le fond et percutant sur la forme, voir des speakers plus connus être moins que passionnant me faisait bouillonner. “Combien on l’a payé pour être là, déjà ? Il a décliné notre proposition d’aide pour répéter, c’est ça ? ».
Cet été j’ai assisté à l’USI pour la première fois en tant que “client”. Et un client qui paye sa place de ses deniers d’indépendant, il en pèse bien le prix (2000€ hors taxe, enjoy). Je m’attendais à être d’autant plus critique, craignant même que mon exigence ne me gâche l’expérience, mais l’inverse s’est produit.
Je me suis offert l’USI car les speakers sont capables de vous faire bouger dans votre têtes, de vous retourner. Et je me suis découvert bon public. La seule chose qui a compté, c’est ce qui se passait en moi. Ayant beaucoup investi pour le vivre, j’ai joué le jeu. Peu importe la qualité orale du speaker, j’en ai tiré le “jus”, l’idée qui tue. Parfois même, un speakers n’a pas été ébouriffant ni ses idées nouvelles. Mais moi j’en ai eu de nouvelles. Le fait de consacrer une heure à son thème, d’y réfléchir en l’écoutant, quelque chose dans son discours a résonné, produit une idée, une rupture.
Je me fous royalement que le speaker vaille le coup dans l’absolu ni même que d’autres l’aient vécu différemment. Moi j’ai bougé dans ma tête, j’en ai pour mon argent. Un truc s’est produit qui ne serait pas produit autrement. Ceci me rappelle d’ailleurs une citation de basket : lorsqu’on moque un joueur qui marque un panier en disant qu’il a eu de la chance, il pose le ballon par terre et dit “si je l’avais laissé là, y’avait combien de chances qu’il rentre ?”. Pour les sessions c’est pareil, je remercie le speaker lorsque il m’a fait bouger dans ma tête, et l’organisateur qui l’a invité là et mis à ma disposition.
Posture et engagement, comme toujours
La différence provient, je m’en rends compte à présent, de ne plus me positionner en contributeur de la conférence, qui, tourné vers la satisfaction de l’audience, jugeait le reste à cette aune. En simple participant, je suis bon public, comme je le suis au cinéma. J’accepte les codes, passe outre les défauts, je vis l’expérience qu’on me propose, et je suis capable de sortir de la salle en me focalisant sur ce que j’ai aimé et en négligeant ce qui ne m’a pas touché. La déception n’arrive que lorsque rien ne m’a touché ou fait vibrer.
Mon activité d’indépendant, démarrée depuis 18 mois, a boosté mon engagement de participant. Avant cela, la pression à tirer quelque chose de l’événement existait, mais j’y étais moins sensible. Aujourd’hui, mon temps a une valeur : en conférence je ne facture pas, je limite mes revenus potentiels. J’en tire une grande leçon sur la manière de vivre ces conférences.
Voici la manière dont je conçois aujourd’hui mon investissement :
- s’investir en tant que speaker, c’est se soucier de la qualité de l’expérience de tous les participants à ma session
- s’investir en tant qu’organisateur, c’est se soucier de la sélection du programme et du déroulement global
- s’investir en tant que participant, c’est rester égoïste, se moquer de ce que vivent les autres et ne penser qu’à soi, avec une attention soutenue
Toute la difficulté consiste, pour moi qui suis un engagé par nature, à me tenir à un rôle sans déborder sur les autres. Mon challenge sera donc de contribuer aux conférence avec un esprit d’exigence limité à mes sessions, et pour celles des autres redevenir un participant égoïste et bon public.
Tags: Conference, Engagement, Leadership-Followership, Posture
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